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Merrell pousse plus loin la réflexion sur ce à quoi ressemble vraiment la vie après le covid pour la communauté du trail running.

Depuis juillet, le monde du sport de compétition tourne à nouveau à plein régime. Non seulement il tourne à plein régime, mais il semble avancer très vite, signe que les athlètes de toutes les disciplines sont de retour sur les lignes de départ, plus forts et plus déterminés que jamais.

Plus de 20 nouveaux records ont été enregistrés aux Jeux olympiques de Tokyo et de nombreux records de course ont été pulvérisés sur plusieurs des plus grandes courses de trail running au monde, notamment le record féminin de l’UTMB 2021 récemment établi par Courtney Dauwalter.

…c’est ce que le monde voit sur les réseaux sociaux et à la télévision. Mais pour ceux qui travaillent dans les coulisses de ces événements, le retour à la compétition a-t-il été simple ? La marque Outdoor Merrell s’est entretenue avec les athlètes, coaches mentaux et organisateurs d’événements pour savoir à quoi ressemble vraiment la vie après le covid.

« Deux types d’athlètes sont apparus. »

L’une des questions les plus fréquemment posées est la suivante : la période pendant laquelle les compétitions étaient au point mort en 2020 a-t-elle eu un impact négatif ou positif sur les performances des athlètes ? Koen Willems, coach mental et kinésithérapeute de plusieurs des plus grands coureurs de trail au monde, explique : « Ce n’est pas si simple ». Koen Willems souligne qu’en raison de l’absence de courses, d’objectifs et du climat d’incertitude ambiant, deux types d’athlètes sont apparus. Un groupe d’athlètes y a vu l’occasion de se concentrer sur d’autres choses auxquelles ils n’avaient habituellement pas le temps de se consacrer auparavant, comme passer du temps en famille, profiter de leur temps libre et travailler. L’autre groupe a fait tout le contraire. Il s’est entraîné encore plus intensément pour compenser l’absence de compétitions.

« Les athlètes qui en ont profité pour prendre du temps libre et profiter de la vie hors compétitions en 2020 sont revenus dans la course cette année avec une énergie mentale plus positive. Ils sont plus posés et reposés et cela se voit dans leurs performances. La majorité des athlètes qui se sont surentraînés parce qu’ils n’ont pas été capables de lâcher prise, ont souffert de blessures. »

Koen Willems poursuit : « Il ne fait pas oublier que les athlètes professionnels sont des personnes comme vous et moi et que le fait d’être des coureurs constitue une part énorme de la perception qu’ils ont d’eux-mêmes. Cette pression de la compétition et de la course les définit et définit ce qu’ils ressentent, ils ont besoin de cette pression et s’ils ne l’ont pas, ils la provoquent. »

Koen Willems souligne que depuis la pandémie, le nombre d’athlètes en demande d’un coaching mental a augmenté en raison de blessures physiques et d’anxiété.

« Maintenant que la compétition a repris, les athlètes cherchent désespérément à obtenir de bons résultats pour compenser l’année dernière. Cela signifie souvent trop, trop vite et trop tôt et ils finissent par venir me voir avec des blessures ou parce qu’ils peinent à accepter psychologiquement leurs mauvais résultats. Beaucoup ont du mal à se concentrer sur un seul objectif et veulent au contraire en faire trop. Une anxiété liée aux déplacements pour se rendre aux compétitions a également vu le jour. Certains athlètes s’inquiètent du risque de contracter le virus ou de la façon dont les restrictions et les nouvelles règles mises en place autour des événements sportifs sont susceptibles d’affecter leurs performances. La peur a un impact énorme sur les niveaux d’énergie qui, à leur tour, agissent sur les performances. »

Cela signifie-t-il que nous avons repris les compétitions trop rapidement ? « Pas forcément », répond Koen Willems. « Cela présente aussi quelques avantages. Le calme et le sentiment de liberté que procurent la montagne et la nature peuvent également réduire l’anxiété et le stress. La peur y est beaucoup moins répandue que dans les villes. Le conseil que je peux donner aux athlètes est d’être indulgents avec eux-mêmes. L’année dernière a été difficile. Ne vous focalisez pas sur les résultats, retrouvez d’abord le plaisir de courir et de vous reconnecter à vos collègues athlètes et membres de votre équipe. Nous ne pouvons pas tout maîtriser ; par conséquent, ne perdez pas votre énergie sur des choses que vous ne pouvez pas contrôler. »

Georgia Tindley (à gauche) et Denisa Dragomir (à droite) au Skyrace Hochkönig en septembre 2021

« Nous ne pouvons plus partager nos émotions et le moment présent comme nous le faisions auparavant. »

Pour de nombreux athlètes, il est clair que 2021 n’a pas été une année comme les autres. La coureuse roumaine Denisa Dragomir fait partie du groupe qui a fait une pause en 2020, une décision qui pourrait être à l’origine de ses quatre victoires aux Skyrunner World Series et de son titre national en 2021.

« J’avais besoin de remettre les compteurs à zéro et c’était l’occasion de le faire. », explique Denisa Dragomir. Cependant, même elle, qui semble au top de sa forme en 2021, a eu du mal à s’adapter aux nouveaux règlements et règles. « Je n’ai pas encore eu ma deuxième injection du vaccin, donc je dois passer un test à chaque fois que je participe à une course. J’ai dû me mettre en quarantaine et manquer des courses à cause de ça. Je remarque que ces complications imposent au corps un stress supplémentaire qui n’existait pas auparavant. »

Bien qu’il soit sorti du confinement « plus en forme que jamais », le Britannique Hector Haines, coureur en montagne, skyrunner et orienteur résidant en Suède, n’a fait que la moitié des courses en 2021 par rapport à 2019 en raison de l’incertitude ambiante et de l’impossibilité de planifier. « De nombreuses courses internationales de parachutisme et de course en montagne ont été annulées et reportées plusieurs fois, ce qui m’a empêché de planifier mon année. Pour compenser, j’ai choisi de participer à des courses d’orientation locales, car l’organisation de ces événements me semblait beaucoup plus certaine. »

Il est intéressant de noter que c’est l’aspect social des courses qui manque le plus aux athlètes interrogés. « Ce qui me manque, c’est d’être entourée de personnes partageant la même passion que moi, qui comprennent ce que je fais et pourquoi je le fais », déclare Georgia Tindley, première femme britannique à pratiquer le trail et le skyrunning. « J’aime m’entraîner et courir avec d’autres personnes qui peuvent me pousser à me dépasser. Ce sont aussi les moments où je donne le meilleur de moi-même. »

Hector Haines partage ce point de vue et pense que, même si les compétitions font un retour en force, la passion n’est plus aussi présente. « Nous avons l’impression de ne plus pouvoir partager les émotions et le moment présent comme nous le faisions auparavant. Maintenant, nous devons nous présenter, maintenir une distanciation sociale, porter un masque, etc. »

« Grâce à cette expérience, nous avons appris à être plus spontanés et plus flexibles. »

Et n’oublions pas non plus les répercussions sur les marques et les sponsors. Avec moins de spectateurs aux événements et moins d’athlètes voyageant à l’étranger, les marques et les sponsors s’inquiètent-ils d’une diminution de leur exposition ? Franziska Freer, responsable du marketing et des athlètes chez Merrell, explique : « Au final, il suffit juste d’être plus créatif. »

Merrell, mais aussi de nombreuses autres marques de trail running et d’activités de plein air, se sont tournées vers les stratégies numériques pour continuer à toucher leur public. Merrell s’est associée aux Skyrunner World Series et à leur circuit virtuel 2020 qui a permis à des personnes de plus de 80 nationalités de s’initier au skyrunning par la voie numérique.

« Grâce à cette expérience, nous avons appris à être plus spontanés et plus flexibles. », poursuit Franziska Freer. « Nous ne considérons pas nos athlètes Merrell uniquement comme des coureurs, uniquement là pour monter sur un podium. Ils représentent la marque pendant ou hors compétitions. »

« Cela nous a donné l’occasion de découvrir des talents locaux. »

Vus de l’extérieur, les événements semblent également se dérouler sans problème. Hormis les masques occasionnels sur la ligne de départ, tout semble redevenir normal, y compris l’affluence des spectateurs. Thomas Bosnjak, organisateur autrichien de la Kaiserkrone Skyrace, de la Nassfeld-Mountain-Skytrails et de la Hochkönigman, nous confie que, même si cela fait du bien de pouvoir de nouveau organiser ces événements, la route a été longue et laborieuse pour en arriver là.

« Nous avons beaucoup souffert financièrement. Pendant deux ans, nous avons dû essayer de poursuivre nos activités avec le budget d’une seule année et ça n’a pas été facile », dit Thomas. « Aujourd’hui, l’organisation d’un événement demande beaucoup plus de travail qu’auparavant à cause de toutes les nouvelles réglementations et directives gouvernementales qui semblent changer constamment. Cette année, notre principal problème n’était pas la diminution de la participation des athlètes mais celle des bénévoles. Nous avons eu beaucoup d’annulations et d’abandons de dernière minute. Mais lorsque nous voyons tous ces athlètes sur nos lignes de départ, nous entrevoyons enfin la lumière au bout du tunnel pour nos événements et cela nous donne de l’espoir pour l’avenir. »

Seana Forbes, organisatrice des Skyrunner World Series, admet également que ces deux dernières années ont été difficiles pour le circuit international de course qui se déplace habituellement dans au moins 10 pays du monde. La saison 2020 a été complètement annulée et remplacée par un circuit virtuel, suivi d’une saison 2021 très incertaine qui a commencé par quelques courses reportées mais, heureusement, une seule annulée. Et cette compétition a continué, contre vents et marées.

« Cette période a été difficile, c’est sûr », admet Seana. « Nous avions beau vouloir proposer un circuit digne de ce nom pour nos athlètes, nous tenions aussi beaucoup aux courses de notre circuit et nous savions qu’elles allaient aussi rencontrer des difficultés, mais supprimer une course ou remplacer un événement par un autre n’était pas une option. Et si nos athlètes d’élite étaient incapables de se rendre à une course du circuit, cela nous a donné l’occasion de découvrir des talents locaux. »

Bien que le nombre d’athlètes d’élite participant aux événements et circuits de courses internationales ait baissé cette année par rapport à 2019, Seana affirme que cela ne l’inquiète pas. La passion est toujours présente et nous espérons que lorsque l’incertitude se sera dissipée, tous nos meilleurs coureurs seront de retour sur les lignes de départ des Skyrunner World Series ».

Hector Haines pendant son entrainement, été 2020

Un nouvel objectif : la durabilité

S’il est un sujet commun qui a émergé grâce au covid dans tous les domaines de la course internationale, c’est la durabilité. Les deux athlètes Georgia Tindley et Hector Haines disent être devenus plus sensibles à l’impact de leurs déplacements depuis le covid.

« Je participerai à des courses et voyagerai de manière plus consciente à l’avenir, c’est sûr », commente Georgia Tindley. « Je ne peux pas m’imaginer prendre un avion toutes les semaines pour me rendre dans un pays différent juste pour concourir pendant une journée puis revenir comme nous le faisions auparavant. »

« Grâce au covid, j’ai l’impression d’avoir développé de l’empathie pour le monde et la souffrance en général », déclare Hector Haines. « Et je finis par me demander quel est l’intérêt de voyager à travers le monde pour faire une course alors que je peux courir plus près de chez moi. »

 Franziska Freer pense qu’il est impossible de ne pas voyager si on veut pouvoir se mesurer aux meilleurs athlètes du monde. Par conséquent, si nous ne pouvons pas éviter les voyages, nous devrions plutôt chercher des moyens de les rendre plus durables. « Que pouvons-nous faire en retour ? Comment pouvons-nous donner en retour ce que nous avons reçu ? Chez Merrell, le développement durable a toujours été ancré dans nos objectifs en tant que marque, mais nous nous rendons compte, aujourd’hui plus que jamais, que les consommateurs sont également plus motivés depuis le covid. »

Alors, que réserve l’avenir aux courses internationales ?

Il est clair que toutes les parties concernées sont motivées pour revenir plus fortes en 2022, mais il est également clair qu’il y aura quelques changements à opérer. Des voyages plus réfléchis, plus de planification et une manière plus durable de courir et d’organiser des événements semblent être la nouvelle norme. Nous pouvons nous attendre à une augmentation du nombre de circuits nationaux et de courses locales, ainsi qu’à la présence de nouveaux talents apparus cette année. Quoi qu’il en soit, il semble que, bien que confrontée aux difficultés du covid, la communauté du trail running soit reconnaissante d’être de retour sur les lignes de départ et s’engage à y rester.

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Le podium du Skyrace Hochkönigman en Septembre 2021: (1ére place Denisa Dragomir, 2éme place Georgia Tindley, 3éme place Oihana Azkorbebitia. (C) Merrell / Christian Schartner

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